6° assises

6èmes ASSISES NATIONALES

Palais du Luxembourg

21 mars 2014

 

La Fédération Nationale des Cadres Dirigeants a tenu ses 6èmes Assises nationales, au premier jour du printemps, vendredi 21 mars dans les salons du Palais du Luxembourg, grâce au parrainage accordé à notre événement annuel par le Sénateur de l’Oise, Philippe MARINI, Président de la Commission des Finances.

 La matinée s’est déroulée dans une atmosphère amicale et enlevée, les intervenants ont fait partager à l’auditoire avec une grande diversité de styles, leurs points de vue, convictions et analyses autour des questions du dialogue social et de la dynamique managériale auxquelles sont confrontées les Dirigeants salariés en 2014.

 Beaucoup d’idées et de retours d’expériences proposées à notre réflexion par un panel d’orateurs qui exercent des fonctions deSONY DSC cadres dirigeants en entreprise. Des sourires et des rires partagés avec la salle. Et par-dessus tout, un brassage d’idées et de points de vue issus de tous les secteurs de notre économie, ce qui constitue bien la valeur ajoutée de notre Fédération.

 Une réussite, donc, que ces premières Assises organisées sous la houlette du nouveau Président de notre Association, Guy SALZIGER, qui a invité à ses côtés, en co-organiseur, Philippe DETRIE, Président-fondateur de la Maison du Management.

Patrick FARINOT, Orange Business Services, membre du bureau national de l’Association des Cadres Supérieurs et Dirigeants du groupe Orange (ACSED), a animé l’événement. 2 tables rondes ont rythmé la matinée, avant une conclusion de haute volée, par le professeur Emmanuel TONIUTTI, Président de l’International Ethics Consulting Group et auteur d’un ouvrage à lire absolument : ‘l’urgence éthique, une autre vision pour le monde des affaires’.

Sans confiance, la vie en société est impossible

SONY DSCDans son discours d’introduction, après avoir salué toutes les entités constitutives de la FNCD représentées dans la salle, Guy SALZIGER a introduit l’ambition de la réunion : partager et réfléchir sur le rôle joué par les Cadres Dirigeants dans l’adaptation des entreprises aux changements permanents et de tous ordres, dans un contexte économique atone. Deux phrases donnent le ton : « La responsabilité de manager nous amène à maintenir le moral des troupes et à gommer les effets de la morosité ambiante. ». « Conduire les Hommes est un bonheur, et on y prend un vrai plaisir sous réserve de conditions préalables. » Guy SALZIGER a rappelé l’actualité de la Charte de déontologie des dirigeants salariés de la FNCD et les 8 valeurs portées par cette charte : Loyauté, Courage, Exemplarité, Engagement Professionnel, Respect D’autrui, Promotion de la Qualité de la vie au Travail, Adhésion à des règles de rémunération cohérentes, lisibles et mesurables, et Comportement de Citoyen Responsable.

Guy SALZIGER a enfin renvoyé vers le baromètre social de la FNCD, présenté au ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social, Michel SAPIN. Il est consultable sur le site de la FNCD.

Qu’a-t-on entendu ? L’exercice de résumé est délicat, il tranche, il coupe, il simplifie. Nous espérons par avance que les orateurs se retrouveront dans ces lignes…

1ere table ronde  – Le dirigeant salarié dans le dialogue social : quelle représentativité ?

Maître MOREL, avocat associé Cabinet Barthelemy Avocats, spécialiste en droit social, ancien Directeur adjoint du cabinet du ministre du travail, de l’Emploi et de la Santé

SONY DSCQu’est ce qu’un cadre dirigeant ? Maître MOREL a commencé à rappeler que la définition du « cadre-dirigeant » est récente, issue des lois AUBRY et traitée dans le code du travail sur le seul plan du temps de travail, des congés payés et des jours fériés ! Les cadres-dirigeants sont ceux dont les grandes responsabilités impliquent une large indépendance dans la prise de décision, qui disposent d’une autonomie dans la gestion de leur emploi du temps, et dont la rémunération se situe dans les niveaux les plus élevés de l’entreprise. Trois critères cumulatifs, auquel s’est rajouté un quatrième au fil de la jurisprudence : la participation à la Direction de l’entreprise, ce qui vient à exclure par exemple les directeurs d’établissements de la définition du Cadre-Dirigeant. Il a rappelé qu’il n’y a que 26 conventions collectives dédiées aux cadres. Et 3 qui traitent exclusivement des personnels de Direction.

Un droit positif bien insuffisant qui a conduit la FNCD à déposer un amendement à l’Assemblée Nationale lors des discussions de la Loi de la sécurisation de l’Emploi. Un satisfecit : le Ministre du Travail s’est engagé à se pencher sur la question de la Représentativité des Cadres Dirigeants.

Philippe MAHOT, Président du Syndicat National des Praticiens de la Mutualité Agricole (SNPMA), Vice-président de la FNCD

Le cadre dirigeant a besoin d’une reconnaissance juridique. Depuis la loi sur la représentativité 2008, les définitionsSONY DSC de « cadre », « cadre dirigeant », « branche », « convention collective », « accords collectifs », « confédération syndicale interprofessionnelle » ont concentré les discussions au regard de la Représentativité des cadres dirigeants. La Loi pose dans les faits et sur le terrain, de grands problèmes d’interprétation et de représentativité que les tribunaux d’instance ne tranchent pas dans le même sens, ce qui créée une jurisprudence à la fois dense et inapplicable. Philippe MAHOT a rappelé que la FNCD souhaite être reconnue comme Représentative. Son intervention a permis de comprendre la pertinence d’une mesure d’audience spécifique, et de plaider pour la liberté d’organisation syndicale …

 Norbert TANGY, Président de la Fédération Nationale des Cadres Supérieurs de l’Electricité et du Gaz (FNCSEG, dirigeants du secteur de l’énergie EDF – GDF SUEZ)

SONY DSCReprésentativité et gouvernance des entreprises par les Cadres Dirigeants. La loi de Sécurisation de l’emploi de 2013 impose aux sociétés françaises de plus de 5 000 salariés d’admettre 1 ou 2 salariés dans leurs conseils d’administration. La date buttoir de mise en place en fin de cette année, semble représenter un challenge. En réalité, cette Loi est un coup d’épée dans l’eau car les salariés administrateurs seront désignés par les centrales syndicales, et non pas désignés au suffrage direct par les salariés. Qui plus est, leur nombre est infime (au total, pas même 900 administrateurs-salariés pour 75 000 sociétés anonymes et 1 million d’administrateurs en France !  …), surtout comparé au mode de fonctionnement des aux pays du Nord de l’Europe, l’Allemagne, la Finlande ou la Norvège où la codétermination est la règle…

Et surtout, les cadres dirigeants ne sont pas invités à siéger dans ces Conseils d’Administration ! Participer à la conduite de l’entreprise, exercer un droit de contrôle là où il faut, au regard de leur expertise et de leur connaissance des rouages de l’entreprise, voilà tout l’enjeu de la Reconnaissance du statut de Cadre-Dirigeant !

2eme table ronde – Le manager au cœur du changement

Philippe DETRIE, Président fondateur de la Maison Du ManagementSONY DSC

Manager au 21e siècle. Contre le désenchantement qui gagne, le désengagement, la charge de moins en moins enviable dont écope le manager, un héros méconnu, Philippe DETRIE prend de la hauteur. Il met en perspective les tendances lourdes qui impactent les organisations et le rôle du manager, et permettent de mieux comprendre les changements … On retiendra l’accélération du temps, la mondialisation, l’explosion des moyens de communication à distance, le développement durable, la montée de l’émotion sur la raison, la féminisation, le vieillissement du monde, le droit au bonheur….

Henri DURNERIN, Délégué Général du mouvement des cadres dirigeants de la Coopération Agricole Et Agroalimentaire (DIRCA)

SONY DSCPasser de la chenille au papillon. L’agriculture sait ce qu’est le changement. Le monde de la coopération agricole n’a cessé de changer, il s’est concentré sur un rythme croissant, avec des volumes nationaux de production de plus en plus imposants en quelques décennies. Les chevilles ouvrières de ces changements sont les cadres dirigeants, des professionnels de l’entreprise, qui travaillent pour les administrateurs, les paysans. Ils sont reconnus par un cadre législatif spécifique. Aujourd’hui, le monde agricole est soumis à un nouveau paradigme, le développement durable, et le management doit encore une fois s’y adapter (modèle ISO pour impliquer les salariés dans la démarche, adoption des nouveaux outils de communication…).

Henri DURNERIN conclut sur une allitération, qui aura certainement de beaux jours en 2014 : il vaut mieux penser le changement que changer le pansement…

Stéphane GAUDU, Directeur Général Identités MutuelleSONY DSC

Partage de l’enjeu et sincérité de l’engagement. Stéphane GAUDU a réalisé une intervention empreinte d’expérience personnelle, fondée sur sa culture de cavalier et de militaire de carrière.

En management, on redécouvre le bon sens, des principes intangibles. On parle de dialogue social aujourd’hui, mais on aurait du ne jamais oublié d’en parler ! Rendre une équipe compétente, la faire avancer pour atteindre l’objectif, c’est l’unique voie. Et pour ce faire, il faut faire connaitre les enjeux, montrer que le management a un engagement total et sincère dans l’entreprise. Face à ces fondamentaux intemporels, les nouvelles méthodes de management, relayées dans la presse, l’affectif, la croyance, la religion, semblent inutiles. Car, tout simplement, un salarié heureux dans l’entreprise est juste plus efficace, alors soyons bienveillant puisque c’est efficace.

Frédéric HENRION, Directeur Des Ressources Humaines de La Lyonnaise Des Eaux

SONY DSCUne expérience de mentorat. Frédéric HENRION a fait partager sa propre expérience de DRH sur un projet de mentoring qui date de 2009 et auquel il a lui-même participé avec beaucoup de conviction. La recette ? Constituer des duos intergénérationnels, hors structures hiérarchiques, avec des hommes et des femmes qui profitent de ces moments pour mieux se connaitre et partager leur expérience. Les binômes durent 1 an, à raison de 3 heures chaque mois, pour échanger sans lien contractuel, d’enjeu de rémunération, de carrières, ou de lien hiérarchique. Les deux y trouvent leur intérêt. L’idée est née pour résoudre la difficulté des femmes à accéder aux échelons supérieurs de l’entreprise, les aider à  comprendre les codes d’une entreprise très masculine, à avoir la bonne posture. L’expérience a été une vraie réussite et étendue à d’autres sujets…

Marie-Anne TOURNAIRE, directrice marketing du SI et communication interne du SI chez Orange

La meilleure façon de s’approprier un projet est d’y participer. Marie-Anne TOURNAIRE a partagé sonSONY DSC expérience de ce qui fait l’échec ou la réussite d’un projet de transformation : d’abord, le sens, puis la diffusion et le partage.

Quel est le sens du changement ? Il faut s assurer que la vision impulsée par le Comité de Direction, sera bien traduite et qu’elle trouvera un écho auprès des collaborateurs, les acteurs du changement (avant tout, les faire rêver, les emporter, en jouant sur 2 leviers : le bénéfice apporté au client final et le bénéfice qu’en retire le salarié). Un conseil : ne pas négliger la co-construction avec les gens qui font le travail au quotidien. Enfin, organiser la diffusion de l’information (en tenant compte des règles très figées du dialogue social à la française avec les partenaires sociaux).

Comment faire partager aux différents niveaux de managers dans les grandes entreprises ? Inutile de penser pouvoir griller les étapes car tant que chaque niveau n’est pas convaincu, on n’y arrive pas… C’est là qu’il faut donner un rôle aux encadrements, leur confier des missions, les clarifier (informations, groupes de travail, etc).

Ecouter et me laisser inspirer par ce que j’ai entendu… Emmanuel TONIUTTI conclura en une demi-heure d’un monologue très inspiré, où sont convoqués les philosophes grecs, les penseurs japonais et chinois, son enfance et son parcours de vie d’un continent à l’autre, sa connaissance de l’intérieur des comités de direction de multinationales …Il donnera sa définition du Cadre Dirigeant et du courage qui doit l’inspirer pour aboutir à un leadership responsable.

 La conclusion par Emmanuel TONIUTTI

SONY DSCLe cadre-dirigeant doit s’entraîner à agir en accomplissant tout à la fois la Stratégie mais aussi les Valeurs de l’Entreprise. Il doit savoir équilibrer ces deux forces contraires : l’exigence de la performance économique (qui s’est transformée en tyrannie du court terme, avec un rendement financier exigé par des investisseurs inflexibles, qui exercent le Pouvoir), et la préservation de la Réussite Humaine (avec le respect dû aux Hommes invoqué dans toutes les Chartes de Valeurs des multinationales.)

Et ne nous y trompons pas, cela nécessite bien pour nous, français, de s’aguerrir car cette recherche constante de l’équilibre des contraires, qui est au centre de la pensée Zen, nous en avons, pour notre part, perdu la notion au cours des siècles.

C’est à une redécouverte de la transcendance, de l’art de la guerre, là aussi si courant dans l’enseignement chinois, que Emmanuel TONIUTTI nous invite, pour mettre en œuvre un Leadership Responsable qui permet avec Courage, d’opposer son Ethique, ses Valeurs, à des exigences financières brutales.

A l’issue des ASSISES, les participants ont pu échanger autour d’ un cocktail convivial dans la salle René COTY.